Nathalie Straseele

Pour en savoir plus sur l’auteur et son œuvre. Les éditions Sans Crispation proposent de réinventer le questionnaire proustien !

Sans Crispation : Comment vous tenez-vous informé : par le biais de la télé, des réseaux sociaux, en écoutant la radio ou en lisant le journal ?

Nathalie Straseele : J’écoute la radio dans la voiture. Je reçois quelques newsletter choisies, sur ma boîte mail. Je lis peu de journaux, toutefois assez régulièrement : “Courrier international”. Il m’arrive de feuilleter et lire des revues, j’aime bien, mais c’est devenu rare. J’en lisais davantage avant la déferlante immédiateté de l’information d’aujourd’hui. Donc, depuis, je suis contrainte de réfléchir davantage par moi-même. J’avoue que j’aime bien la télé… Je me lève en général très tôt, en période créative tout particulièrement, et après avoir avancé le travail en cours, il m’est bien agréable de retrouver le canapé et les nouvelles pour une première pause dans ma journée. La télé ne va pas sans le canapé…

Imaginez ce que votre auteur préféré écrirait sur votre œuvre ?

« Lis, c’est bien. C’est chouette. Joli boulot. ». Le recommandant donc à quelqu’un d’autre.
Sinon, j’y pense là maintenant bien que cela n’aie pas grand chose à voir avec la question posée… J’ai reçu un livre dédicacé de JM.Le Clézio. Je lui avais écrit avec une question sur une de ses inspirations en relation avec quelque chose de très personnel. Il y a une quinzaine d’années. Il m’a répondu ceci : « Parfois les humains sont alliés des oiseaux, ils sont les ailes de l’air, comme le disait le Sioux Élan Noir ».
Quelle belle phrase…

Un endroit et un moment préférés pour écrire ?

Matin. Clavier. On compose sur un clavier, n’est-ce-pas ? Tôt. Sinon, lorsqu’il y a du mouvement autour de moi et qui m’englobe, dans le train donc ou en voiture, et si quelqu’un d’autre est au volant. Très spontanément, ce sont alors des idées, des phrases, des pistes de réflexion qui surviennent.

Dans quelle mesure, “Gazoline Yamamoto”, c’est vous (ou pas) ? 

“Gazoline Yamamoto”, oui c’est moi, et c’est un pluriel composé dont je ne me cache pas. Ni ne me plains d’ailleurs. Je suis très fière de ce livre.

Un personnage que vous détestez en littérature ? 

Question difficile, rien enfin personne ne me vient.
Je ne m’attache pas à ce qui me déplaît… j’essaie de ne pas m’encombrer.

Si vous étiez un personnage, un mot, une phrase de votre roman/recueil lequel seriez-vous ?

Un mot ? Pourquoi donc vouloir choisir ?
Malgré tout, une idée : cette cathédrale aux vitraux parfois obscurcis, parfois rayonnants.
Cette phrase  aussi : « le futur s’écrit avec ce que le présent contient du passé, n’est-ce pas ? »
Et dans un autre livre, cette phrase venue toute seule sur le clavier bien avant que j’en aie formulé la pensée  : « je m’appelle la vie, j’ai de grandes lunettes et plus d’un tour dans mon sac, j’ai plusieurs sacs aussi et je m’amuse bien, là entre les lignes, à montrer signe, qu’il y a ce que je suis ».
Je ne « suis » pas ces deux phrases, mais je les pense très fort.
Pour les personnages : tous.
Mention spéciale pour Bérénice, celle qui relie. J’ai choisi ce prénom sans doute en référence à J.Racine, dont j’aime vraiment les vers rythmés, plein de dignité, de tristesse, de majesté. Un vrai plaisir ! Choix validé beaucoup plus bizarrement, pour la chanson de Prince :’Raspberry beret’

Que dit votre ouvrage de votre monde, du monde en général ? 

Il y a quand même 170 pages de texte !..
Qu’il pourrait fonctionner mieux…
Que l’on peut tenter d’arranger, chacun à sa mesure.
«  à toi appartient le regard, l’intention et la voix », en exergue.
Je parle du rapport entre la réalité et la fiction, du rôle de notre imaginaire aussi.
Je fais une différence entre le monde, construction des hommes, et la vie, la lumière qui se manifeste au travers (confer la question précédente). Fort heureusement pour nous.
Hélas en nos temps actuels bien obscurs, l’efficacité du monde à brouiller les radars est absolument stupéfiante.

Quel a été le passage le plus difficile à écrire ? 

Ah. Oui. Deux moments d’écriture m’ont mise en grande difficulté.
Joker.
Facile à identifier si on lit le livre 🙂

Si vos personnages étaient des émotions, laquelle seraient-ils ? 

Lesquelles.
La curiosité n’est pas une émotion.
Le désappointement non plus.
L’enchantement je ne sais pas.
L’espérance je ne sais pas non plus.
Ce sont des états d’être ? Des sentiments plutôt que des émotions. L’émotion est une réaction.
J’ai besoin de temps pour absorber et comprendre.
Un jour quelqu’un demandait : »quel est ton verbe ? » et j’ai pensé : « J’imprime ». En effet, j’absorbe beaucoup de sensations (qui finissent par écrit), les sensations font partie des émotions ? Je ne sais pas.
Il m’arrive d’être enthousiaste, d’être déçue, ou agacée, et il m’arrive d’être joyeuse, pleine d’entrain et drôle. Je n’aime pas beaucoup la colère dont je trouve que souvent elle se trompe de cible. Pourtant la dynamique qu’elle contient est un levier fort utile.

Conseilleriez-vous votre livre à Emmanuel Macron, à un autre homme politique (lequel ?) ?

Quelle bonne idée !
Je l’ai bien aimé dans son passage au Papotin-journal-télévisé. Il a une certaine authenticité.
Mon livre, qui parle de notre multivers intérieur et de l’accordage à l’intime, du rapport de la société au sensible et à la violence, pourrait-il l’intéresser ? le questionner ?
Nos sociétés s’accommodent hélas beaucoup de la violence.
Et la politique est chose extérieure. Mais qu’est-ce qui gouverne  sinon le cycle intérieur-extérieur…
Les angles morts dont je parle ne sont pas du tout des vitraux obscurcis, ils sont des failles dans la construction. Qui dévient la position des curseurs. Ils sont des schmürz.